Choisir le bon mot à l’ère des réseaux sociaux

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En politique, le choix des mots a toujours été primordial. Les discours sont une arme utilisée par les politiciens depuis toujours pour faire passer leurs idées. C’est avec les mots que nous rentrons en guerre, ou que nous faisons la paix. C’est avec les mots que nous convainquons les gens.

L’essor des réseaux sociaux a fortement fait évoluer la manière de communiquer des politiques. En effet, les politiciens ne sont plus dépendants des médias dits « traditionnels » et peuvent, désormais, s’exprimer par le biais de “leurs propres canaux”. 

Donald Trump en est l’exemple parfait. Ses tweets ont, sans aucun doute, eu un impact considérable sur la campagne électorale de 2016 en façonnant l’image d’un homme politique n’ayant pas peur de créer la polémique.

UNE MALADRESSE A DES CONSÉQUENCES

 

Les mots sont puissants, et si certains politiciens l’ont compris et en jouent, pour d’autres une mauvaise utilisation les entraînent au cœur d’une polémique. Les réseaux sociaux et plus particulièrement Twitter obligent les personnalités politiques à choisir leurs mots avec précaution, tant du fait de la réactivité des internautes que du nombre de caractères réduits à 200. 

Jean-Christophe Cambadélis a fait les frais de sa maladresse linguistique lors de son tweet du 8 février 2015. En effet, l’ancien député du parti socialiste a tweeté un résumé de ses propos après une interview radio.

 

“On identifie les juifs à Israël comme on identifie les musulmans à Daech. Je suis contre. (1/2) #ForumRadioJ”. 

 

Ni une, ni deux, des élus de droite s’emparent du tweet et en profitent pour crier au scandale et créer une polémique. Ainsi, Christian Estrosi, Valérie Boyer ou Bruno Retailleau appellent à la démission de l’ancien député. La raison? Les élus l’accusent de comparer l’État d’Israël avec l’organisation de Daech.  

 

@jccambadelis qui compare un Etat (Israël) avec un mouvement terroriste (Daesh) c’est tout simplement une honte. Indigne de sa fonction.” (Tweet de Christian Estrosi, le 8 février 2015)

 

En comparant Israel et Daesh Cambadelis insulte le premier et minimise le second. Purement scandaleux.” (Tweet de Bruno Retailleau, le 8 février 2015). 

 

Il est vrai que ces 16 mots portent à confusion et donnent en effet l’impression d’une comparaison. Cependant, les propos tenus par Cambadelis lors de son interview sont tout autres. L’ancien député a d’ailleurs reconnu que son tweet était simplement “mal calibré et ne résumait pas ses propos”. Malgré lui, l’homme politique n’a pas su faire comprendre sa pensée et a été pris dans la vague des polémiques de Twitter. 

 

LE TERME “VIRUS CHINOIS”, UN CHOIX STRATÉGIQUE?

 

Donald Trump est incontestablement le roi des polémiques sur Twitter. Un hasard ? Sans doute pas, Trump joue sur les mots pour gouverner et ça marche ! Prenons le cas du tweet de l’ancien président des États-Unis au sujet du coronavirus. Le 16 mars 2020, l’ancien chef d’État américain annonce dans son réseau social favori, le soutien de l’administration américaine à toutes les industries touchées par le “virus chinois”.

“The United States will be powerfully supporting those industries, like Airlines and others, that are particularly affected by the Chinese Virus. We will be stronger than ever before!” (Tweet de Donald Trump du 16 mars 2020).

Cette appellation du coronavirus suscite une polémique, surtout autour du gouvernement chinois. Mais est-ce vraiment une maladresse comme a pu le faire Cambadélis? 

On en doute fortement ! En utilisant le terme “virus chinois”, Trump donne une identité et une nationalité à “l’ennemi”. Par ce fait, il permet de ne pas mettre l’accent sur la gestion du Covid du gouvernement américain mais choisit de remettre la faute sur la Chine: c’est le virus chinois, pas américain! 

 

Le choix des mots est donc très important, surtout dans une ère où tout peut devenir polémique. Donald Trump a bien compris les codes actuels et les utilise comme stratégie politique. Cependant, à chacun d’évaluer désormais, si ses nombreux dérapages sont constamment le fruit d’une stratégie de communication mûrement réfléchis.

 

Camille FONTVIEILLE

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