Censure, réseaux sociaux et politique : un triangle amoureux

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Si le monde politique est intrinsèquement lié aux réseaux sociaux depuis leur apparitions, les rapports qu’entretiennent la sphère politique et ces géants d’internet ne sont pas toujours cordiaux. Avec la démocratisation des réseaux sociaux et leur part de plus en plus grande dans la vie quotidienne, il n’a pas fallu longtemps pour que les politiques décident d’investir ces médias 2.0. Que ce soit par les clips de campagnes diffusés sur YouTube, les lettres ouvertes publiées sur Facebook ou les réactions à chaud sur l’actualité via twitter. Très rapidement , l’intégralité de la sphère politique s’est retrouvée sur les réseaux sociaux s’essayant à ces nouvelles formes de communication avec plus ou moins de réussite. 

 

Les réseaux sociaux et les politiques : l’amour au premier regard

 

Aujourd’hui les politiques sont bien en place sur ces nouvelles plateformes. Le parti des insoumis, après leur campagne digitale a vu sa chaîne YouTube gagner plus de 500 000 abonnés. De l’autre côté du spectre politique, la page Facebook du rassemblement national est en passe d’atteindre les 500 000 likes. Le message le plus RT ou “relayé” de la twittosphère française est un tweet du président de la République, Emmanuel Macron  » make our planet great again « . Aucun réseau social n’est épargné, Marlène Schiappa a ainsi fait une arrivée remarquée sur l’application Tik-Tok, originalement créée pour pouvoir poster des vidéos de danse. Le constat est là ; les politiques sont sur les réseaux sociaux et il semble même aujourd’hui difficile de les imaginer sans compte twitter ou sans page Instagram. 

 

Les réseaux sociaux et les politiques : un couple asymétrique 

 

Le constat est simple, si le personnel politique a désormais besoin des réseaux sociaux pour communiquer, les réseaux sociaux n’ont pas besoin des politiques pour exister. Ces géants d’internet peuvent traiter un maire, une ministre ou même un chef d’état comme n’importe lequel de ces utilisateurs. La liste des possibilités pour empêcher quelqu’un de s’exprimer est longue : limitation des publications, mise en place de restrictions diverses et variées, bannissement à durée déterminée ou définitive… Ces outils de limitation posent la question de l’atteinte à la liberté d’expression lorsqu’ils astreignent n’importe quel utilisateur. Mais cette problématique est exacerbée et peut prendre des airs de police politique lorsqu’il s’agit de retirer la parole à des représentants élus par un vote démocratique. 

 

Si à certaines occasions ces réseaux agissent sous la pression de demandes étatiques, comme Facebook qui en 2018 a fermé le groupe kurde YPG à la demande du président Turc Recep Tayyip Erdogan, il arrive également que les réseaux sociaux agissent de leur propre chef. Comme lorsque twitter a décidé unilatéralement de suspendre le compte d’un parti espagnol d’extrême droite ou celui de l’ex président américain Donald Trump. Si l’on peut être en désaccord avec ces protagonistes, le procédé peut être tout de même critiquable. Les réseaux sociaux sont des entreprises privées et plus encore ce sont des plateformes qui ont désormais un poids gigantesque dans la communication politique. Leur permettre de devenir des censeurs privés apparaît comme un vrai danger pour les démocraties se basant sur le multipartisme et le principe du contradictoire. 

 

Les réseaux sociaux et les politiques : une dispute inévitable 

 

Ces différentes censures ont ainsi fait réagir une part importante de la classe politique française et internationale. Gabriel Attal a exprimé son mal à l’aise quand à la censure de Donald Trump, Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur twitter que « Le comportement de #Trump ne peut servir de prétexte pour que les #GAFA s’arrogent le pouvoir de contrôler le débat public « . Outre Manche, Boris Johnson s’est dit prêt à “ limiter la capacité d’une bande de progressistes californiens à s’immiscer dans la vie politique britannique « . 

 

Si la rencontre entre le politique et les réseaux sociaux a “matché” des deux côtés, la période de lune de miel semble être consommée. Il semblerait que les deux partis marchent sur des œufs. Si les réseaux sociaux se défendent de toute censure idéologique, les politiques font de plus en plus gronder leur mécontentement et le font savoir … sur twitter. 

ARMAND THIZY

 

Sources :

https://www.marianne.net/societe/big-brother/censure-sur-twitter-ce-qui-se-joue-cest-la-colonisation-americaine-par-les-gafam

 https://lepetitjournal.com/londres/twitter-indispensable-aux-politiques-au-point-de-pouvoir-censurer-296053

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