Big data, le nouvel eldorado de la communication politique

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En matière de communication politique, une innovation est apparue dans la boîte à outils des différentes équipes de campagne : Le Big data ! Cette nouvelle ressource joue un rôle croissant depuis les années 80′ dans les événements électoraux. Que ce soit pour financer une campagne ou gagner des élections, ce nouveau filon d’information fait naître de nouvelles techniques de recueils de données et est à l’origine d’importants bouleversements dans les luttes électorales. 

Le Big data, c’est quoi au juste?

 

Le terme Big data vient de l’anglais et désigne un ensemble massif de données numérisées.

Il faut dire que la production de données se porte bien. Elle représente 2,5 quintillions d’octets chaque jour, mails, vidéos, paiements par carte bancaire, coordonnées GPS et ce chiffre double tous les deux ans. Grâce à cette matière première, les publicitaires sont capables d’affiner leur campagne de pub, les policiers de prévenir certains crimes et les transports publics d’organiser leur réseaux. L’utilisation de cette nouvelle ressource quasi illimitée est en train de modifier des pans entiers de notre société et la communication politique n’est pas épargnée. 

Le Big data comme outil de pronostic politique

 

Pouvoir récupérer les données d’un individu, c’est pouvoir définir son profil et toute information supplémentaire est un coup de crayon de plus sur son portrait robot.

Lors de la campagne présidentielle de 2008, les équipes de Barack Obama furent les premières à utiliser massivement les données en matière de profilage électoral. En utilisant la base de données Catalist contenant près de 600 informations personnelles de 200 millions d’Américains. Les équipes du candidat démocrate ont pu pendant la campagne simuler l’élection 66 000 fois et ajuster leur stratégie électorale en fonction des fluctuations d’opinion. 

Sur le même principe, le neuroscientifique Sam Wang à réussi à prédire la victoire d’Obama en 2012 avec 51,1% du vote populaire et à pronostiquer avec exactitude le résultat dans 49 états sur 50. 

Ces techniques de profilage ayant donné des résultats prometteurs outre-Atlantique, il ne s’est pas fallu longtemps pour que le procédé soit repris et appliqué en France. La start up LMP, dont les fondateurs avaient déjà participé à la campagne d’Obama de 2008, en a fait sa marque de fabrique en exportant ces nouvelles techniques à l’occasion de l’élection présidentielle française de 2012. En découpant la France en 67 000 zones et en recueillant les résultats des élections ainsi que les profils sociodémographiques, ils ont réussi à définir les zones à conquérir et les méthodes de communication politiques les plus adéquates pour y arriver.

Le Big data ne sert pas qu’à récupérer des électeurs, il permet également de financer une course électorale. 

Un nouvel outil de financement des campagnes?

 

En recueillant des informations sur les sympathisants, il est possible d’optimiser les campagnes d’appel au don. Aux États-Unis, l’enjeu est de taille puisque les budgets de campagne se basent essentiellement sur les dons des sympathisants.

Pour optimiser la récolte de dons, le Big data permet aux parties politiques de synthétiser les informations personnelles de leurs sympathisants, puis de leur proposer des sollicitations jouant sur leur centre d’intérêt. Pour prendre un exemple, un dîner pour supporter la campagne d’Obama a été organisé chez Sarah Jessica Parker en 2008, le prix d’entrée était de 40000 dollars. Les sollicitations ont été envoyées à des personnes aisées, fan de Sex and the city et allant régulièrement au restaurant. Mais le profilage ne s’est pas arrêté là, les messages envoyés étaient personnalisés et mettaient en avant d’autres éléments de la soirée plus spécifiques afin d’optimiser encore plus les chances de réussite. Le résultat fut au rendez vous : salle comble.

Pourtant, si le Big data a donné des résultats prometteurs aussi bien pour la récolte d’électeurs que le financement des campagnes, son exploitation ne donne pas toujours les résultats escomptés. Pour preuve, Sam Wang, l’oracle de la victoire d’Obama, avait assuré que Hillary Clinton serait victorieuse en 2016 et si Donald Trump réussissait à avoir plus de 240 grands électeurs, il mangerait un insecte à la télévision. On pourra lui reconnaître qu’il n’avait qu’une parole, il dégusta un criquet en direct le 12 novembre 2016.

 

ARMAND THIZY

 

Sources:

https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/big-data-des-chiffres-et-des-chiffres

https://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2017/04/07/trois-hommes-un-logiciel-l-elysee_5107263_4497271.html

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