La crise hospitalière mise en avant par l’actualité

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76 % : c’est le pourcentage de soignants qui se sentent aimés par les Français mais délaissés par l’État. Ce sondage de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) vient directement mettre en avant une atmosphère conflictuelle autour des différents acteurs en lien avec le système hospitalier.

Un contexte particulier

 

Suite à une propagation rapide et mondiale, le Covid-19 est rapidement passé d’une épidémie à une pandémie. Apparu fin 2019, à Wuhan en Chine, il s’agit d’une maladie infectieuse émergente pouvant être mortelle et qui en quelques semaines a engendré une fermeture massive des frontières dans une grande partie des pays. Par ailleurs, de nombreux dirigeants d’Etats ont mis en place un ordre de confinement afin de réguler au mieux la propagation du virus. Cette mesure permet entre autres de limiter la saturation des hôpitaux, en particulier dans les pays les plus touchés par l’épidémie et où la situation hospitalière peut parfois être critique.

La mise en lumière d’une crise

 

Si de nombreuses critiques et actions étaient déjà menées à l’encontre de la situation hospitalière publique française, le Covid-19 a su remettre en perspective le débat dans l’actualité. En effet, la pandémie soulève différents points qu’il est intéressant de rappeler. Premièrement, la pénurie de masques est ici révélatrice d’un manque de moyens mis en place afin de faire face à de potentielles situations de crise sanitaire. Afin d’y remédier, La France a d’ailleurs dû importer de nombreux masques provenant de divers pays comme la Chine. En outre, de nombreuses entreprises, du textile notamment, se sont reconverties dans la fabrication de masques afin de lutter contre le manque de matériel médical dans les hôpitaux.

D’autre part, la propagation du virus se montrant plus conséquente dans certaines régions, de nombreux transferts de malades sont effectués afin de soulager certains hôpitaux qui sont aujourd’hui saturés. C’est le cas de treize malades originaires d’Île-de-France qui ont été transférés le 5 avril au CHU de Rennes qui n’est actuellement pas considéré comme saturé par les cas de Covid-19. Durant ce transfert, de nombreuses vidéos amateurs viennent témoigner le soutien des habitants applaudissant les soignants en route pour l’hôpital rennais. D’ailleurs, nombre de soignants prétendent être touchés et impactés de façon positive au travail par les gestes de remerciement nationaux.

Une crise présente bien avant la pandémie

 

Toujours en période de confinement, c’est le mardi 7 avril que des militants de la CGT Santé ont décidé de manifester devant le CHU de Rennes, et cela malgré les interdictions. En effet, cette manifestation a été l’occasion, durant cette journée mondiale de la santé, de revendiquer plusieurs points. Premièrement, l’une des infirmières de l’hôpital et représentante du personnel hospitalier à la CGT a exprimé qu’elle était consciente du confinement et que celui-ci était justement l’opportunité de mettre en place une action symbolique. Par ailleurs, afin d’illustrer leurs revendications, les manifestants ont présenté des banderoles avec des messages clairs. Parmi ces revendications, on peut citer : “plus de moyens pour la santé” ou encore “nous ne sommes pas des héros”. Ces messages renvoient directement à une situation de crise présente selon eux bien avant l’arrivée de la pandémie.

Une crise qui révèle des enjeux de communication interne

 

Il semble pertinent de rappeler qu’en ce qui concerne la communication interne hospitalière, les difficultés proviennent de différents niveaux. D’une part, comme le présente Jean Claude Cuyot, professeur de sociologie à l’Université de Bordeaux 2, les interactions entre les différents acteurs d’un hôpital peuvent s’avérer conflictuelles. Ceci est selon lui, la conséquence d’un modèle bureaucratique qui ne favorise pas les liens sociaux-professionnels ou financiers entre les différents acteurs de santé, les malades, mais aussi le personnel en général. De ce fait, ces difficultés de communication interne ont également un impact sur la perception structurelle hospitalière des malades et de leurs proches.

Du côté de la communauté scientifique, nombre d’entre eux dénoncent une stratégie industrielle de production de soins venant trahir la mission première des hôpitaux au dépens d’une pratique dite « artisanale » de la médecine. De plus, comme le rappelle Jean-Marie Clément, ancien directeur d’hôpital, les médecins qui suivent une formation médicale ne sont pas suffisamment formés à une logique d’organisation et de gestion pourtant très présente dans le milieu hospitalier. De son côté, Valérie Carayol, professeur des universités, dénonce une forme de rupture qui apparaît suite à l’arrivée d’un nouveau mode de management propre aux hôpitaux, basé sur la rentabilité.

Par ailleurs, Pablo Medina Aguerrebere, enseignant chercheur en communication, présente l’importance de la communication interne pour l’identité d’un hôpital. Selon lui, l’identité d’un hôpital est le résultat des qualités relationnelles internes. Il la voit donc comme un élément idéologique concret imposant à l’hôpital de tenir une bonne image interne pour sauvegarder son identité médicale et sociale.

Cet article est dédié au personnel hospitalier faisant face chaque jour aux risques liés à la pandémie. Une pensée particulière à Vincent Boutemy, chargé de communication, cadre de santé, infirmier à l’hôpital Pontchaillou, mais également membre du Master communication publique et politique de l’université Rennes 2.

Auteur : Paul Dorey

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