Nous le savons, la communication est un domaine qui se réinvente et évolue constamment. En matière de communication politique, nous avons pu le remarquer récemment. En effet, à un an des prochaines élections présidentielles, une certaine tendance se dessine : la communication politique portée par les influenceurs.
Aujourd’hui on ne présente plus les influenceurs, ces personnes ayant une certaine notoriété sur les réseaux sociaux, et une certaine influence sur l’opinion et la consommation de leur audience. Ils sont de nos jours devenus des éléments à part entière – et indispensables – aux stratégies de communication des marques. Ainsi, ils créent des contenus sur les réseaux sociaux pour promouvoir tel ou tel produit. Finalement, nous pouvons aisément faire le lien avec ce que Lazarsfeld définit comme les leaders d’opinions. En effet, le comportement des individus n’est pas seulement le résultat de leurs propres choix. Les individus subissent tous, même dans une moindre mesure, une influence de leur environnement.
La sphère politique a elle aussi recours aux influenceurs et à leur notoriété, notamment auprès des jeunes. Dernièrement, le Président Emmanuel Macron a lancé un défi aux Youtubeurs McFly et Carlito. L’objectif ? Réaliser un clip qui appelle à respecter les gestes barrières. En échange et une fois le sommet des 10 millions de vues atteint, Emmanuel Macron va se prêter au jeu pour tourner une vidéo avec les deux Youtubeurs. Il apparaît clairement qu’il s’agit d’une stratégie pour gagner les faveurs du jeune électorat.
Ce n’est pas le seul : le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal fait lui aussi régulièrement appel à des influenceurs. Présent sur la plateforme vidéo Twitch et sur Instagram, il échange régulièrement avec des influenceurs, notamment via des lives.
Néanmoins, cette tentative de rapprochement vers les jeunes, à travers les influenceurs, n’est pas au goût de tout le monde. En effet, suite à la première émission Twitch du porte-parole du gouvernement avec pour invités, des influenceurs, le hashtag #etudiantspasinfluenceurs est apparu sur Twitter. Lassés et fatigués des cours en distanciels et de la précarité accrue par la crise sanitaire, des étudiants ont réagi pour montrer leur désaccord sur le choix des invités.
Les tweets portent le même message: comment les étudiants peuvent être représentés par des influenceurs, jeunes, riches, pas en études supérieures et pas au fait de leurs problématiques?
En effet, cela semble bien loin de la réalité et des difficultés que rencontrent les étudiants actuellement: la perte de motivation, la dépression, le burn-out, la précarité…
Bien qu’il a été affirmé que l’émission #SansFiltre de Gabriel Attal n’accueillera pas seulement des influenceurs, la stratégie du gouvernement montre déjà une faille. Au vu des réactions, nous pouvons considérer qu’il s’agit d’un premier faux pas de la stratégie de communication du gouvernement. Le temps nous dira si cette tentative de rapprochement est une véritable volonté d’écoute de la jeunesse ou si elle s’inscrit seulement dans une pure stratégie électorale.
LUCIE HAUTE